Les Régates de Sorel-Tracy en 3 critères de beauté (partie 1)

« Je suis emballé de cette première expérience. Sans prétention, c’est de toute beauté ce que l’on a réalisé », M. Jean-Pierre Groulx, directeur général de l’événement et du GIB Fest (SorelTracy magazine, 7 septembre 2022).

Nous ne pouvons que le féliciter pour cette première, avec toute son équipe. Lui qui, depuis quelques années, redonne à notre centre-ville historique, ces lettres de noblesse estivales. D’autant plus qu’une régate de ce type cadre parfaitement avec le concept de La promenade des Filles du Roy (composante 2).

Cela étant, sans rien enlever à personne, comment évaluer froidement la nature de toute cette « beauté » autoproclamée ?

Pour ce faire, nous avons 3 critères de beauté implicitement énumérés* au fil du temps par M. Groulx.

Critère 1 : Faire ses frais

Selon M. Groulx : « environ 4 000 personnes ont fréquenté quotidiennement le site lors de ces deux jours… » Pour ce dernier, prépandémie (Les 2 Rives) : « Selon le scénario pessimiste, 4 000 personnes se procureraient une admission pour le week-end, alors que le scénario optimiste en prévoit 6000. »

Il y a ici 2 notions à considérer : le nombre de personnes sur le site et le nombre de billets vendus c.-à-d. « 2 jours (45 $) » ou « la journée (30 $) ».

Pour fin de calcul, nous retiendrons 5 000 billets vendus. C’est notre scénario ULTRA optimiste, lequel donne à M. Groulx un ULTRA bénéfice du doute. Celui-ci est basé sur l’étude de différentes photographies notamment aériennes, en calculant le nombre de personnes le long des rampes et dans les 8 estrades de 240 places (approx.). Le tout confirmé par différents témoignages et observations visuelles sur les 2 jours, notamment l’absence de congestion dans le centre-ville et une facilité pour se trouver une place de stationnement à proximité du site.

Selon une étude de KPMG (2018) pour ce type d’événement : « … les revenus autonomes générés… représentent 41,6 % des revenus totaux, alors que les commandites privées constituent 28,9 %… » (Source : Retombées économiques consolidées de 17 membres du RÉMI – Regroupement des événements majeurs internationaux, dont les Régates de Valleyfield.)

Si nous appliquons cette norme sur une base de 5 000 admissions (1/3 à 45 $ et 2/3 à 30 $), nous obtenons un revenu total estimé pour l’événement de 421 k$ (175 k$ en revenu d’admission, 122 k$ en commandites et 124 k$ de subventions et autres). Est-ce réaliste ?

À ce titre, l’examen de la liste des sources de financement tiers de l’événement nous incite à pointer vers un montant nettement inférieur au 246 k$ estimé, tels que proposés par le modèle de rentabilité de KPMG.

Est-ce que ce montant de 421 k$ est suffisant pour couvrir l’ensemble des coûts d’un tel événement ? L’examen des photos aériennes concernant tout le « setup » utilisé laisse perplexe, d’autant plus que les hypothèses retenues pour calculer ce chiffre sont très optimistes.

Note : Pour 6 000 billets vendus, les revenus totaux seraient de 505 k$.

Critère 2 : Les retombées économiques

« Nous pouvons, d’ores et déjà, prévoir des retombées économiques de l’ordre de 2 M$ pour notre région… » (M. Jean-Pierre Groulx) (Note : Suite de cette citation au critère 3).

Ce montant et la méthode de calcul des retombées économiques utilisée par KPMG ne concordent pas. Par exemple, dans le cas de Valleyfield, nous parlons de 70 et 130 000 visiteurs sur 3 jours pour des retombées économiques évaluées à 5 M$. Sur cette base, en utilisant une simple règle de 3 pondérée, on arrive au maximum de 275 k$ de retombées économiques pour 5 000 visiteurs (330 k$ pour 6000 billets vendus).

Selon M. Groulx, les restaurants étaient pleins et il n’y avait plus une chambre d’hôtel de disponible. C’est excellent ! Mais il ne faudrait pas perdre de vue que dans les 2 cas, notre ville propose une offre quantitative minimale, surtout en hébergement. Sans oublier que la majorité des participants à la régate sont autonomes avec roulotte et motorisé.

M. Groulx parle « d’argent neuf ». D’accord. Mais de combien parle-t-on et combien cela a-t-il coûté à l’ensemble des contribuables pour obtenir lesdites retombées économiques ?

Note : Le modèle d’évaluation des retombées économiques de KPMG ne tient pas compte de l’impact environnemental. Cela devrait-il faire l’objet d’un Critère 4 pour un événement de type « Régates » ?

Critères 3 : Le rayonnement

« … pour notre région, sans compter le rayonnement de la Ville de Sorel-Tracy sur la scène internationale » (M. Jean-Pierre Groulx).

Comment mesurer ce rayonnement et donc, son impact sur notre réputation et notre image de marque ? Par la consultation des médias, surtout de l’extérieur.

Ainsi, nous obtenons avec Google Actualités (aucune manchette hors Québec) :

Le tout a été peu « compensé » sur le moment, notamment par des médias locaux discrets. De plus, le site Facebook Régates de Sorel-Tracy a été relativement réservé cette fin de semaine.

Pour la suite des choses

Est-ce une première édition concluante ? Chacun jugera, considérant que nous ne jugeons pas ici, l’engagement et les efforts sans doute énormes déployés par l’équipe du GIB Fest.

Comme nous sommes « embarqués » dans cette régate pour 2 autres années, nous suggérons au GIB Fest et autres parties prenantes en matière de tourisme, d’améliorer leur marketing pour augmenter les assistances. C’est le nerf de la guerre.

Si le site Catherine-Legardeur est idéal d’un point de vue localisation et logistique, des questions importantes s’imposent pour le volet technique (course) de l’événement : du vent et des bateaux de marchandise, il y en aura encore l’année prochaine.

Un organisme à but non lucratif comme le GIB Fest doit rendre publics ses États financiers. C’est moralement incontournable. Comme dans le cas de Statera, les contribuables sont des partenaires. De même, il serait requis de publier la liste des contrats attribués, le nom des attributaires et les montants en cause. Le tout pour connaître l’ampleur des retombées économiques locales (ex. : D’où viennent les 3 grues utilisées ?).

Finalement et considérant l’analyse ci-haut : Avons-nous comme contribuable, la volonté de faire croître et donc de financer cet événement sur plusieurs années ?

Jocelyn Daneau

Voir : Les Régates de Sorel-Tracy en 3 critères de beauté (partie 2)

* Le GIB Fest derrière l’organisation de l’événement – Sorel-Tracy accueillera des régates du 14 au 16 août 2020 (Les 2 Rives, 10 décembre 2019)

Régates internationales de Sorel-Tracy – Une signature de trois ans à défaut d’une présentation en 2020, (SorelTracy magazine, 3 juillet 2020)

Régates internationales de Sorel-Tracy : remarques préliminaires, Blogue Saurel Magazine, 8 juillet 2020

Albums photo : 360 Nitro.tv et SorelTracy Magazine.

Capsule vidéo promotionnelle post-événement : https://fb.watch/fnfTVEonB5/

Photos aériennes : Mozus & drones, Ayan Photographe

Une réflexion sur “Les Régates de Sorel-Tracy en 3 critères de beauté (partie 1)

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